Ai-je seulement quelque chose d’intéressant à raconter ? Ai-je seulement un intérêt quelconque pour qui ce soit. Aucune idée. Mais cela m’importe peu. Peu de choses comptent dans ma vie. Je suis la simplicité même et je me satisfais de très peu de choses. Le monde dans lequel nous vivons ne me laisse pas de temps pour des futilités superficielles et des bonheurs d’occasions. Non, une seule chose compte. Une seule personne. Grigori Karn...

Je me rappellerais toujours du jour où je suis entrée dans cette classe. L’histoire était et reste encore l’une des matières dont j’avais le dédain. Heureusement pour moi, rêveuse des légendes chevaleresques, c’était l’histoire du Moyen-Âge et par dessus tout, il y avait ce professeur. Un seul regard de sa part valait plus que toutes les déclarations antécédentes. Il avait quelque chose de différent. Il avait un pouvoir sur moi. Au début, je ne comprenais pas cette force dans tout son ensemble et surtout, je n’étais pas consciente que ça dépassait l’imagination.


Je n’ai jamais été assez bien pour ma mère. Jamais assez belle, jamais assez intelligente, etc. Malgré tous les honneurs que je lui ramenais, toutes les preuves, il lui en fallait toujours plus. Elle qui n’avait jamais travaillé de sa vie, toujours entretenue par ses nombreux conjoints, c’était donc mon rôle de ramener le revenu familial. Mais comme je devais également performer dans les études, cela impliquait un horaire du temps extrêmement chargé. Résultat, études le jour, travail la nuit. Ce rythme de vie continua longtemps, d’un côté ça me tuait et de l’autre, ça m’occupait l’esprit donc j’étais heureuse. Mon entourage décida de s’en mêler lorsque je fus hospitalisée pour fatigue et déshydratation. Tous m’ordonnèrent de laisser ma mère et de voler de mes propres mes ailes mais j’en étais incapable. Imaginer ma mère seule dans son désespoir me brisait le cœur. Elle me répétait sans cesse : - Ne m’en veut pas, tu es tout ce que j’ai.
Sans doute était-ce les mots les plus vrais que ma mère eût prononcé dans sa vie…

À mes 18 ans, elle s’en est allée. Accident de la route. J’étais la seule personne dans son testament et ce qu’elle offrait à l’intérieur faisait pitié. Des souvenirs souillés, des objets banals qui avaient une valeur précieuse pour elle et l’argent, n’en parlons même pas. Je me retrouvai alors complètement seule, mon père ayant coupé les ponts avec le nid familial depuis mes 5 ans. Je me retrouvai seule avec deux sentiments bien amers. La honte et la déception. Honteuse de ne jamais avoir réussi à faire mes preuves devant cette femme qui m’avait élevé. Et déçue de ne pas avoir pu lui offrir une vie meilleure. Je décidai donc de consacrer tout mon temps aux études, voulant avoir un bon avenir entre les mains. Voulant devenir puissante et ne pas mourir comme ma mère, oubliée de tous.


Même pour une fille sans histoire comme moi, la vie peut parfois se montrer très... surprenante. La même année du décès de ma mère, un choc sociale et culturel vient bouleverser nos vies et surtout, la mienne. Une race supérieure existe. Ils sont plus forts, plus audacieux, plus puissants en tous les points. Ils sont comme lui. Comme la seule personne qui me pousse à me lever le matin. Tout est tellement plus clair maintenant. La logique vient s'emparer de mon cœur amoureux. Cette raison à mon amour me pousse encore plus à vivre près de lui, à le servir quoi qu'il arrive. Je ne suis pas idiote, je sais que les vampires prendront plein pouvoir sur nos vies. Je sais qu'il faudra faire ses preuves parmi eux si nous voudrons survivre. Les autres ne m'intéressent pas, si j'ai à faire mes preuves, ce sera à lui, pour lui. Uniquement à lui.

Chamboulée par mes idéologies remises en question et la perte de mon unique famille, je me lance dans la gueule du loup. Je confie mes pensées et mes idées à Griogori. Je ne vois pas avec qui d'autre je pourrais m'épanouir. Il est surpris. Je le suis également. Il me prend sous son aile, je suis on ne peut plus comblée. J'ai de nouveau un but dans ma vie. Ma nouvelle vie auprès d'un vampire.

Les années passent comme des jours, j'atteins le même que mon vampire(Physiquement parlant). Je suis désormais vice-présidente de l'université, occupant les fonctions de Karn pendant la journée. Je suis une arme bien utile pour lui, j'en ai conscience. Mais qu'importe mon rôle dans cette histoire, je me satisferai de peu. Ne serait-ce que pour garder cet espoir en moi, qu'un jour... Il sera mien.